Nous ne vous cacherons pas que le Chenin est certainement un de nos cépages préférés en blanc chez Double Raisin. Pas étonnant donc que notre toute première cuvée, Mystique Mi-Raisin, avec son assemblage hétéroclite de Chenin Blanc et de sémillon, nous aie bouleversé et réussi à charmer nombre d’entre vous.
Véritable caméléon dans le monde des cépages, celui qu’un vigneron m’a une fois décrit comme une « éponge à terroir » se sent bien sur tous les sols, sa préférence allant vers les sols crayeux (le fameuse pierre de tuffeau), mais également les schistes. Pas étonnant donc qu’il soit véritablement incontournable en Touraine, dans le Saumurois ou encore en Anjou.
Et pourtant, de récentes analyses génétiques l’apparentent au jurassien savagnin (et par la même au trousseau et au sauvignon blanc dont le savagnin serait l’heureux géniteur). On raconte ainsi qu’au XVème siècle, Thomas Bohier aurait planté sur ses terres, situées à côté du Mont Chenin à Chenonceaux, un mystérieux Plant d’Anjou, ce à partir de graines importées d’Arbois. Le nom était trouvé. Du reste, il sera cité quelques années plus tard dans le « Gargantua » de François Rabelais.
Savennières, Vouvray, Montlouis, Jasnières, Savennières, Côteaux du Layon, ces appellations nous font rêver à juste titre. Celui qui n’a pas goûté les merveilles de Nicolas Joly , René Mosse, Richard Leroy pour n’en citer que quelques-uns, passent à côté de certains des plus grands vins blancs jamais élaborés avec ce précieux cépage. Et quelle versatilité. Sec, moelleux, pétillant, vendanges tardives, vin de macération, il se prête à tous les fantasmes de vinification et, pour ceux qui savent attendre, produit des nectars qui peuvent vieillir en cave une petite centaine d’année pour les liquoreux. Son secret réside en cela à sa sucrosité et son taux d’acidité très élevé. Il est de ce fait le digne concurrent d’un autre cépage alsacien et allemand, le riesling, mais c’est une autre histoire.
Du reste, la maturité du raisin est primordiale (et la fenêtre durant les vendanges est si courte que certains font 6 passages dans les vignes pour le capturer à la maturité optimale) car l’acidité en légère sous-maturité prendrait le dessus.
Les grands Chenin blancs sont donc non seulement acquis grâce à l’acidité, mais également grâce à la limitation du rendement de ce cépage (entre 30 et 50 hectolitre à l’hectare), ce afin de concentrer tous les bienfaits organoleptiques qui seraient dissous autrement. On a vu des vignes en Afrique du Sud (autre grand producteur avec une surface cultivée en chenin blanc du double de celui de la France, le cépage ayant été exporté dans ce pays à l’époque des Huguenots) produire jusqu’à 240 hectolitres à l’hectare !!
Le ch’nin (son petit nom, autrement dénommé moins sobrement le pineau blanc de la Loire) a un bourgeonnement précoce, ce qui le rend vulnérable aux gelées. Sa peau, relativement épaisse, le protège bien des maladies, notamment le mildiou auquel il est très sensible. Sa maturité intervient tardivement, lui permettant ainsi de mûrir lentement et d’acquérir le jus complexe que nous aimons tant. Il préfère les zones fraiches, et ce n’est donc pas étonnant que la Loire soit son terrain de prédilection, toutefois, on l’a vu s’adapter aux régions chaudes (le Languedoc et le Sud-Ouest notamment).
Goûtons le vin, et nous découvrons une myriade d’arômes allant du miel à la pêche en passant par le coing, les fruits confits, l’écorce d’orange, les fleurs blanches ou encore la cannelle, et j’en passe, tout cela structuré par sa légendaire acidité. Que de merveilles !!
Dans le vaste monde du Chenin blanc, nous avons retenu pour les fêtes à venir les vins de Laura David, basée à Montlouis-sur-Loire, dont vous aviez pu découvrir les talents au début de l’été. Pas moins de quatre cuvées élaborées avec ce magnifique cépage dans l’un de ses plus grands terroirs. Vous aviez plébiscité « Facétieuse 2018 », avec son élevage en cuve, et « L’Indomptable 2018 » et son élevage en barrique, nous vous proposons de découvrir « Les Pétillantes 2020 » en méthode traditionnelle et le « Grand Air » en oxydatif. Bonne dégustation !
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